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Blog de la Province de Guyenne-Gascogne pour rétablir la régularité dans la GLNF

La GLNF, "La Grande" (1913) et la glnf, la "mesquine" stifano-canienne (2012? et après???)

Lundi 26 mars 2012 1 26 /03 /Mars /2012 18:29
 

Il y a une douzaine dannées sélevait un grave différend entre le Grand Prieuré des Gaules et la GLNF, dont lissue se solda par le départ de quelque 300 FF du Rite écossais rectifié.

 

Je me rappelle avoir été très marqué par ces événements dont jétais loin de saisir les causes profondes. Dans le même temps, jessayais dimaginer quel serait mon attitude si de semblables tourments venaient à opposer ma famille rituelle à la Grande Loge... Et toujours revenait la même conclusion : moi, linsatiable perroquet de style Emulation, malgré mon indéfectible attachement à ce style de travail, je choisirais certainement de rester fidèle à ma Grande Loge. Il me paraissait impossible quà aucun moment les inclinations vers des spécificités rituelles, si chères quelles me soient, puissent lemporter sur la fidélité à luniversalisme maçonnique que représente lobédience. Loin de moi les dichotomies entre lordinal et lobédientiel ! Je voulais imaginer que ma fidélité demeurerait, quoi quil arrive, à la maison régulière et reconnue qui mavait accueilli en 1982.

 

Quelques années plus tard, après dix-sept années dappartenance au collège actif du Val de Loire, je recevais de mon prédécesseur, pour un court mandat de deux ans, le maillet de la Province. Ce fut une période intense et contrastée. Intense comme lineffable bonheur daccompagner mes Frères dans une merveilleuse aventure de lesprit. Contrastée au fil des effarantes dispositions induites par le comportement très singulier du Grand Maître.

 

A tel point que fin 2009, écartelé entre les devoirs dobéissance liés à mon engagement et les mesures contraires à lintérêt des Frères quils supposaient que je prisse, ai-je sérieusement envisagé de rendre mon tablier après la tenue annuelle de Grande Loge.

 

Cétait sans compter sur le cours parfois facétieux des choses : mardi 1er décembre 2009, trois jours avant la réunion du SGC, je reçois un appel téléphonique dont lavenir dira les immenses conséquences. Mon correspondant est un TRF, ancien Assistant Grand Maître honorablement connu. Il me fait part dune action ourdie de longue date pour signifier au Grand Maître linquiétude des Frères. Semblable méthode na jamais été usitée jusqualors. Pour autant, je remarque quelle nest pas plus singulière que linnovation imposant désormais le port des décors maçonniques lors dune assemblée profane.

 

Mon interlocuteur massure que lui-même sassociera à cette manifestation, accompagnant ainsi le Grand Maître Immédiat, le TRF Jean-Charles F...r, qui a promis de se lever également par solidarité.

 

Le dilemme est insoutenable et le temps pour me déterminer fort court. Comment départager mes penchants légalistes et légitimistes dun côté, et ma conviction profonde que la gouvernance engage les Frères depuis deux ans dans une voie contraire à leurs aspirations ? Assez naturellement -et naïvement aussi - cest dans les titres maçonniques de ces deux personnages que ma question va trouver sa réponse et un forme transitoire dapaisement. Après tout me dis-je, quy aurait-il de si incongru quon ne puisse envoyer un signe fort au Grand Maître, qui plus est avec les cautions morales réunies dun passé Grand Maître et de son Assistant.

 

On sait la suite : le matin du 4 décembre 2009, les deux cautions morales sont demeurées étrangement immobiles tandis que le grand chef, qui affectait les airs de la surprise, déversait un flot dinsultes préalablement et soigneusement calibrées. A la 7ème minute de sa logorrhée, monsieur le rituel cest moi, sa majesté la sagesse ne connaît pas la pitié, y est allé dun tonitruant « sortez messieurs, cette maison nest plus la vôtre ». Toujours obéissant, je me rendis immédiatement dans les parvis... Non sans découvrir subitement ce quétait devenue la GLNF : une machine qui pouvait en quelques instants de furie broyer vingt-huit ans de dévouement, une alcôve où des Frères auto-proclamés chefs à plumes et à vie forment une classe supérieure qui manipule et instrumentalise, drapée dans une superbe qui la dispense de pratiquer les bons offices que réclament la justice et la miséricorde.


 

Depuis ce jour maudit, on a vu par blogs interposés les champs que la pensée de certains Frères pouvait explorer. Certes, la lecture des commentaires postés sur les Myosotis ne fut pas toujours édifiante. Mais les articles mis en ligne sur les différents Acacia , Colonnes du temple, Affidélis etc., ont atteint les sommets dune rhétorique dégoulinante de perversion.

 

Comment des hommes que lon a croisés, connus puis reconnus, ont-ils pu simmerger dans une dialectique qui dresse à ce point le dogme arbitraire contre la raison pure, et sombrer finalement dans cette déchéance verbeuse où seuls triomphent les arguments dautorité.

 

Car avant les événements et pris isolément, ces hommes nétaient pas comme cela, ni capables de cela... Ou sils létaient un peu, ce nétait quà létat larvaire. Quelques-uns, tout au plus, présentaient un terrain légèrement favorable que des reliquats de préceptes maçonniques maintenaient en jachère... Il a donc fallu réunir certaines conditions pour que sactualisent autant de potentialités. Sans doute les comportements éphessiens (avec 2 « s ») ont-ils beaucoup contribué à favoriser certaines galvanisations. Mais cela me paraît insuffisant à tout expliquer car F.S. lui-même nest quun épiphénomène. Jamais,  ses deux prédécesseurs nauraient pu faire le 10ème de ce quil a entrepris. Sil la pu, ce nest pas tant par les excès de ses propres singularités que par le cynisme, la grossièreté et limmoralité dans lesquels a fini par sombrer la Grande Loge.

 

Comment cela a-t-il commencé ?  Par ladoption, contre toute raison, dune définition anglo-saxonne datant de deux siècles... Nen déplaise à quelques beaux esprits qui, dans un passé récent, mont cruellement raillé là-dessus.

 

Nous sommes en 1813, la maçonnerie anglaise met un terme à la querelle opposant anciens et modernes depuis soixante ans. Cest le fameux acte dunion dont larticle N°2 sénonce comme suit : « La pure et ancienne maçonnerie consiste en trois degrés et non davantage. Apprenti enregistré, Compagnon du métier et Maître maçon, incluant la Sainte Arche Royale de Jérusalem. » (1)

 

De cette définition découle un constat dont, nous autres maçons continentaux, avons bien du mal à mesurer la portée : Emulation nest pas un rite au sens où nous lentendons, mais un manière standard de travailler en 3 étapes successives ce quil est convenu dappeler la « Craft » ; autrement dit le symbolisme tiré de lart de bâtir.

 

Aussi bien larticle N°5 de la déclaration de 1929 vient-il naturellement en corollaire : « Que la Grande Loge exercera une juridiction souveraine sur les Loges soumises à son contrôle [...] quelle ne sera en aucune façon subordonnée à un Suprême Conseil ou autre Puissance revendiquant un contrôle ou une surveillance de ces degrés, ni ne partagera son autorité avec ce Conseil ou avec cette Puissance. »

 

Moi qui ai reçu la Lumière dans une Loge Emulation, je me suis parfaitement accommodé de ce modèle et men satisferais encore - nétait-ce ma révocation ! Jai pratiqué lArche Royale en complément naturel du degré de Maître et me suis investi dans les degrés latéraux sous juridiction de la Grande Loge de Marque (acronyme GLMMMF).

 

Dans le cadre de la Grande Loge Unie dAngleterre, ces deux articles ne risquent pas de faire problème puisque, tout au contraire, ils découlent de létat de fait quils décrivent. Quant aux autres degrés pratiqués outre-manche, en bien plus grand nombre que vous ne limaginez, cest à dessein que leur structuration résiste à tout empilage en une colonne verticale susceptible de constituer un rite. Doù leur classification parmi les degrés dits latéraux ou side degrees.

 

Mais ce modèle, confectionné sur mesure par et pour la GLUA, à qui le concept de rite est étranger, a-t-il encore un sens quand on limpose aux forceps à une obédience qui, nullement étrangère à cette notion de rite, en pratique plusieurs ?


 

En un mot, ce concept applicable à une Grande Loge « zéro-rite » lest-il encore dans un cadre « multi-rites ». Jentends dici les cris dorfraies des caciques de la Chambre denregistrement qui ont probablement oublié ce qui suit :

 

- Le départ en 1958 (déjà !) de nombreux Frères du Rite Rectifié vers « Opéra » parce quils vivaient très mal cette tournure anglaise de la GLNF.

 

- Le statut particulier de lArche Royale, placée sous obédience directe de la Grande Loge, comme en Angleterre, mais à la différence notoire faut-il le souligner de lEcosse et des Grandes Loges des Etats Unis dAmérique.

 

- La nécessité pour remplir certains Offices provinciaux ou nationaux davoir été exalté puis dêtre passé par tout ou partie des trois Chaires, le GM étant lui-même le Premier Principal National de droit.

 

- Le slogan très à la mode vers la fin du mandat de J-Ch. F. : « une Loge ‘ un Chapitre », quel que soit le rite de cet Atelier... Que lon trouvait encore formulé ainsi : « LArche Royale est le complément naturel de la Maîtrise. » (Allez donc dire cette énormité à un CBCS ou à un 33ème).

 

-Un prosélytisme de clientèle qui a relativisé les exigences du par cœur au prix dune altération de la méthode initiatique. Cest la 1ère dénaturation. 

 

- Lagrégation scandaleuse des Arches Royales dEcosse et dAmérique au sein dun Grand Chapitre Uni placé sous obédience de la GLNF... Sachant quà la différence de lArche anglaise (domatique) celles-ci font effectivement partie intégrante dun rite en plusieurs degrés ; et quà ce titre la GLNF se trouve en position de gérer des degrés de perfectionnement en parfaite violation de larticle N° 5 de 1929. Curieusement là-dessus, personne ne voit -ou ne veut voir- lune de ces ingérences tant reprochées à dautres.

 

De ces différentes remarques découle la preuve que la GLNF est bel et bien calée sur larticle N°2 de lacte dunion de 1813, quoique sen défendent les caciques ou autres sbires du système. Cela signifie que, plus ou moins consciemment, deux maçonneries de perfectionnement cohabitent au sein de lobédience :

 

Lofficielle dune part, dinspiration strictement anglaise. Placée sous les auspices de lobédience, elle ne saurait participer dun rite puisque réputée par définition incluse dans le degré de Maître. (2)

 

La tolérée dautre part, dinspiration continentale. Constituée de plusieurs niveaux organisés en progression scalaire, elle se répartit en différents systèmes qui forment chacun un rite placé sous lautorité dune juridiction en amitié ; mais une amitié sous conditions.

 

Or, les conditions en question sont dictées par la méfiance et la suspicion. Rien détonnant à cela, la notion de rite -on vient de le voir- nétant pas intégrée par la GLNF, tout système de perfectionnement sy trouve latéralisé par défaut. Dès lors, une influence spirituelle descendant verticalement du haut vers le bas est assimilée à une ingérence.

 

Quelque 75% des membres de la GLNF appartiennent à une Loge symbolique de rite continental. Ce sont donc trois-quarts des Frères à qui lon propose, sous couvert de souveraineté de la Grande Loge, de vivre une forme émasculée de leur rite. Cest la 2nde dénaturation. 

 


Conscientes de cette situation, les juridictions de perfectionnement ont fini par comprendre le prix exorbitant quexigeait lobédience pour maintenir la paix : rien moins que la désacralisation de lessentiel. Et face à chacune de leurs légitimes réactions, la Grande Loge sest radicalisée dans son dogme. Ainsi sest construite lhypertrophie obédientielle que nous connaissons aujourdhui. 

 

Mes remarques pourront être comprises par daucuns comme une attaque en règle contre la maçonnerie de style Emulation. Il nen est évidemment rien.

 

Mais, face aux désordres que nous connaissons, jincline de plus en plus à penser quils trouvent leur principale origine dans labsurdité conceptuelle que jai dénoncée, et dont le maintien contre toute raison ne pouvait se faire quau prix de dénaturations.

 

Le grand projet est donc démasqué. Le palier naturel entre degrés symboliques et degrés de perfectionnement devient, en diabolisant les juridictions, un goulet d’étranglement. Je parie que, progressivement mais inéluctablement privés de leur influence spirituelle, les trois grades de la maçonnerie bleue sombreront avant dix ans dans une sorte de soupe indifférenciée. Ce vaste chantier de normalisation est déjà bien engagé. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la standardisation sacrilège de la cérémonie d’Installation. 

 

Non seulement la GLNF nest pas morte, je lui prédis même un bel avenir. Des chefs emplumés continueront dexiger des cotisations et de se dédouaner en distribuant une spiritualité de pacotille dans des décors dopérette. Et nul doute que cette maçonnerie qui ne donne pas la migraine, toute de colifichets, de passementeries et de réseaux recueillera ladhésion de nombreux adeptes. La GLNF a déjà prévu de les parquer dans des loges aménagées en entrepôts de stockage.

 

Quant à la maçonnerie de Lumière, je ne vois aucun des candidats en lice pour les élections à venir, si respectable soit-il, avoir simplement effleuré les problèmes que je soulève. Cela signifie que, sauf quelques retouches dordre cosmétique, rien névoluera.

 

Il nous reste comme espérance dune véritable prise en compte des vraies questions, le mouvement initié par lULRF, le livre blanc etc. Métant toujours fixé de nexercer aucune pression morale sur quiconque, cest en Frère parmi dautres que je madresse à vous. Je ne prétends tirer aucune légitimité de mes titres et rangs passés ; non plus que de ma position du 4 décembre 2009.

 

Je voudrais simplement dire à tous les indécis, ainsi quà ceux de mes Frères Emulation qui vendent encore leur âme au diable par crainte de perdre un reconnaissance devenue chimérique :La Grande Loge de lAlliance, jy vais.

 

Bien fraternellement

 

Thierry Perrin - ex GLNF N° 16.354

 

 

(1) Je renvoie aux publications des Editions de la Hutte sous la plume et la direction de notre ami Jean Solis pour comprendre les raisons qui dictèrent cette tournure.

(2) C’est à dessein que je n’ai pas évoqué le cas de la Marque.

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